La cause biomécanique sous-jacente des douleurs dorsales

Il est bien connu que se pencher, soulever des charges et se contorsionner sont les mouvements qui provoquent le plus de douleurs dorsales. D’un point de vue biomécanique, ces actions engendrent plus de contrainte sur les articulations sacro-iliaques que sur les disques lombaires. Ainsi, dans le cadre d’une approche biomécanique des douleurs du dos, de la hanche ou de la jambe, il convient de commencer par s’intéresser à l’articulation sacro-iliaque en raison de la manière dont les forces sont transférées sur l’ensemble de notre structure.

Lorsqu’une force (un poids) est transmise vers le bas à travers la colonne ou vers le haut à travers les jambes, un effet ressort se produit. Le sacrum pivote vers l’avant et le bas et l’iliaque pivote vers l’arrière et le bas. Lors de cette action, appelée nutation, ces mouvements bandent les ligaments sacro-iliaques, comme un ressort que l’on comprime. Une fois l’énergie absorbée et la fin de l’amplitude de mouvement atteinte, le corps réagit par contre-nutation, et toutes les actions ci-dessus sont inversées. Par ce mécanisme, les ligaments sacro-iliaques peuvent être vus comme le ressort central dans l’amortissement des chocs.

Lorsque la force est supérieure à ce que les ligaments peuvent endurer, les ligaments de retenue se déchirent, et l’articulation va au-delà de son amplitude maximale en nutation. L’incapacité de ce mécanisme à maintenir l’intégrité ligamentaire constitue la principale lésion de l’articulation sacro-iliaque, que j’ai appelée le Syndrome de nutation sacro-iliaque. Le ressort central du système d’amortissement des chocs est endommagé, et le mécanisme normal de transfert de force est compromis. La lésion de l’articulation sacro-iliaque est principalement causée par les actions suivantes.

Les mécanismes de la lésion de l’articulation sacro-iliaque

1. Une chute sur le fessier.
2. Un accident de la circulation où le conducteur freine fortement pendant l’impact, ou un impact latéral se produit, ce qui entraîne une torsion.
3. Marcher dans un trou, manquer une marche ou retomber brusquement sur ses pieds.
4. Rotations répétées, surtout lorsque l’on frappe un objet, comme en jouant au golf, aux sports de batte ou de lancer, au football, et en particulier en association avec une charge axiale ou comme dans le bowling, le ballet ou le patinage.
5. Se pencher, soulever des charges ou se contorsionner.
6. L’effet cumulatif des lésions de nutation dans les articulations sacro-iliaques ou autres.

Le corps peut être considéré comme un seul système interconnecté d’amortissement des chocs, dans lequel chaque articulation forme un maillon de notre chaîne cinétique. Pratiquement chaque mouvement que nous faisons, que ce soit se pencher, soulever des charges, se contorsionner, ramasser quelque chose, ou même marche, transfère une force à travers notre tronc. Si une articulation, quelle qu’elle soit, présente une lésion, les ligaments font modifier le mouvement des muscles pour éviter de transférer de la force à travers la partie endommagée des ligaments. Si l’articulation sacro-iliaque présente une lésion, l’effet est transféré sur l’ensemble de la structure et peut, à terme, affecter presque toutes les articulations du corps, en fonction de l’usage et de la contrainte posturale appliquée à l’articulation. Un coureur peut ainsi constater une augmentation des douleurs du pied, du genou ou de la hanche. Un masseur-kinésithérapeute peut constater une augmentation des douleurs de l’épaule et du bras. Un golfeur peut constater une augmentation des douleurs lombaires et de la hanche, etc.

Une fois comprise, l’articulation sacro-iliaque peut être considérée comme la principale cause de la plupart des troubles musculosquelettiques, même des hernies lombaires.

Pour plus d’informations sur les mécanismes des lésions, consultez : Mécanismes des lésions